Dans un monde où l’on se vante de pouvoir faire plusieurs choses à la fois, nous ne nous concentrons que rarement sur une seule chose. Si vous écoutez de la musique dans le train, vous parcourez sans doute aussi les actualités ou Instagram. Lorsque vous cuisinez le dîner, la télé est peut-être allumée en fond. Peut-être que vous faites même une liste de courses dans votre tête en parlant avec un ami. Nous sommes tellement habitué.e.s aux distractions qu’il n’est pas étonnant que nous ayons des difficultés à dévouer toute notre attention à une seule tâche.
Pourquoi sommes-nous autant distraits ?
Récemment, lors d’une recherche, RescueTime a découvert que la plupart des travailleurs ne pouvait pas passer 6 minutes sans vérifier leurs e-mails ou leurs messageries instantanées. En nous rendant disponibles pour ces distractions, quel que soit le moment ou le lieu, notre état d’esprit consiste à parcourir plutôt qu’à se focaliser. Nos cerveaux sont tellement habitués à être sur-stimulés que lorsque nous essayons de nous concentrer, nous cherchons presque une raison pour nous arrêter.
La dopamine est une substance chimique sécrétée par nos cerveaux. Celle-ci est souvent associée au plaisir. Vous pouvez en avoir un boost quand vous prenez une bouchée d’un aliment savoureux, ou quand vous trouvez de l’argent dans la poche d’un vieux manteau, mais aussi quand vous achevez une tâche ou que vous apprenez quelque chose de nouveau. Le problème, c’est que cela fonctionne quelle que soit l’importance de la tâche ou ce que vous apprenez. La psychologue et spécialiste en santé mentale et bien-être Dr Audrey Tang indique que la dopamine est plus un centre de récompenses qu’autre chose. « Oui, elle nous donne un sentiment de plaisir, mais elle repère les attitudes qui sont « gratifiantes » et qui doivent donc être répétées. » Ainsi, nous avons de petits boosts de dopamine en procrastinant. Faire une tasse de thé ou ouvrir une notification est gratifiant lorsque l’action est en train d’être réalisée.
Comment résoudre ceci ? La solution simple serait de supprimer toutes les distractions. Cacher votre téléphone, couper Internet ou vous enfermer dans une pièce avec juste une tâche. Toutefois, les distractions ne sont pas toujours des objets physiques, elles peuvent aussi être vos propres pensées. Pour nous apprendre à nous concentrer, ce que nous devons résoudre c’est notre besoin de distractions.
Démarrez votre journée du bon pied
Quelle est la première chose que vous faites le matin ? Une étude de l’IDC a découvert que 4 utilisateurs de téléphones sur 5 aux États-Unis consultent leur téléphone dans les 15 minutes après avoir ouvert les yeux. Étant donné que la plupart d’entre nous utilisons notre téléphone en tant que réveil, nous sommes confrontés aux notifications dès que nous ouvrons les yeux. Toutefois, des recherches ont indiqué que cela pouvait avoir un impact négatif sur notre concentration au cours de la journée. « Prendre son téléphone et dépenser son énergie dans sa boîte de réception ou sur les actualités au réveil peut conduire à une journée stressante et assombrir votre optimisme et votre créativité », explique la physiologiste et experte du sommeil Dr Nerina Shearman. « Il faudrait prendre du temps, chaque matin, pour nous concentrer sur nous avant de démarrer la journée. » Notre cerveau émet quatre catégories d’ondes cérébrales différentes. La thérapeute formée en thérapie cognitivo-comportementale et coach en performance personnelle Lorna Devine explique que commencer par regarder son téléphone implique que vous « outrepassez les stades thêta et alpha et que vous passez directement à l’état bêta. » Les ondes bêta indiquent qu’un cerveau est pleinement connecté. Les ondes bêta apparaissent lorsque l’on est stressé, tandis que les ondes thêta indiquent un état de relaxation mentale et peuvent conduire à un flot d’idées et de pensées créatives. Lorna recommande de mettre votre téléphone en mode avion, vous permettant de l’utiliser comme réveil sans être tenté.e de commencer par parcourir vos notifications et de privilégier votre flot créatif.
Auto-analyse
Il n’y a pas d’astuce toute faite pour être pleinement concentré.e. Chacun possède sa propre manière de travailler productivement. Notez les moments où vous avez été « sur une bonne lancée » pendant vos journées et essayez de les recréer. Essayez d’analyser davantage lorsque vous peinez à vous concentrer. La coach business Glenda Merchant conseille « d’être totalement honnête, de reconnaître ce qui vous empêche d’accomplir la tâche. Quand on sait d’où vient le problème, c’est bien plus facile de le régler. ».Est-elle trop importante ? Est-elle trop ennuyeuse ? Avez-vous constamment des pensées qui vous interrompent ? Vous pouvez désormais choisir la meilleure approche pour résoudre cela.
Décomposez
Nos cerveaux sur-stimulés adorent tout faire à la fois. Dans une journée de travail, vous pouvez vous occuper de trois projets différents tout en prenant des appels et en répondant à tous les e-mails qui arrivent. Vous pensez être multitâche ? Faux ! « Être vraiment multitâche, c’est faire deux choses en même temps qui nécessitent des parties différentes du cerveau, comme courir (physique) en écoutant de la musique (mental) », indique Audrey. « Faire trois choses cognitives à la fois (écrire un e-mail, écouter vos enfants et planifier le dîner) consiste à répartir son attention… ce qui signifie que même si les tâches sont faites, aucune d’entre elles n’a eu votre pleine attention. »
Selon des recherches de l’Université de Californie, il faut environ 25 minutes en moyenne pour revenir à une tâche après avoir été interrompu.e. Ainsi, répondre rapidement à un e-mail ou mettre une lessive ne va pas prendre 30 secondes, ceci va vous coûter 25 minutes et 30 secondes d’attention. Organisez vos tâches et consacrez-leur votre pleine attention. Si l’une d’elles est particulièrement conséquente, « scindez la en plusieurs tâches gérables et dédiez du temps à chaque section », recommande Glenda. Dépassé.e par un trop grand nombre de tâches ? Essayez ceci :
Divisez une feuille A4 en 4 sections. Dans les sections supérieures, écrivez « Important » et « Urgent » et dans les deux sections inférieures, écrivez « Pas urgent » puis « Pas important ». Listez vos tâches sur des post-it et mettez-les dans les sections appropriées. Tout ce qui se trouve dans les cases « important » et « urgent » doit être votre priorité. Vous pouvez déplacer ces notes si la situation évolue.
Prenez un moment de pleine conscience
De nombreuses études ont montré que prendre des pauses augmente la productivité. Faites passer les pauses au niveau supérieur en utilisant la pleine conscience. Audrey propose d’exercer cette technique :
Identifier cinq choses que vous pouvez voir. Quatre choses que vous pouvez entendre. Trois choses que vous pouvez toucher. Deux choses que vous pouvez sentir. Une chose que vous pouvez goûter.
Faire cela, même pour un bref moment, vous « aidera à ralentir votre respiration et à vous donner l’espace mental pour envisager votre prochaine étape », explique-t-elle.
Continuez de vous exercer
Comme tout le reste, améliorer sa concentration demande de l’entraînement. Réservez du temps pour des moments de ce type régulièrement améliorera votre concentration. Des actions requérant la pleine concentration, comme le saut à la corde ou le tricot peuvent servir de méditation active. Lorna Devine explique que « la relaxation est connue pour dynamiser la créativité, vous devriez donc faire des activités qui vous relaxent, comme la respiration profonde ou prendre un bain avec des sels de magnésium ». La concentration n’est pas une matière qui s’enseigne sur les bancs de l’école. Notre monde déborde de notifications, de pop-ups et de publicités qui nous rendent très susceptibles à la distraction. C’est une leçon que vous pouvez commencer à apprendre maintenant et si vous êtes arrivé.e à la fin de cet article, c’est un excellent début !